Virgile - les Géorgiques - Livre II

Les Géorgiques célèbrent le retour à la terre comme seule politique des Latins. Virgile commente en poête, la politique même d'Octave.

Ni la terre de Mèdes, si riche en forêts, ni l'Hermus que trouble l'or (fleuve d'Asie mineure recevant la rivière Pactole où Midas se lava de son or) ne sauraient le disputer en mérite à l'Italie.

Ce pays-ci ne fut point labouré par des taureaux dont les naseaux soufflaient du feu, jamais les dents d'un affreux dragon n'y furent semées, jamais ces champs ne se couvrirent d'épaisses moissons d'hommes hérissés de casques et de javelots.

Virgile évoque ici la légende de Jason, qui, en Colchide, dut dompter des taureaux mythiques, puis semer des dents du Dragon qui gardait la Toison d'Or d'où naquirent immédiatement des guerriers armés.

C'est le même pays qui a montré des veines d'argent, des mines de cuivre, de l'or dans ses rivières. C'est elle aux peuples belliqueux; Marse, jeunesse Sabellienne, ligurien et Volsque et ses héros, les Décius, les Marius, les grands Camille, les Scipion et toi César Octave pacifiant les confins de l'Asie.

Salut terre de Saturne, grande mère des moissons,grande mère des héros. C'est pour toi que, osant rouvrir une source sacrée, j'aborde un art célèbre et je chante un poême d'Ascra.

Saturne régnait en Italie aux temps de l'âge d'Or, mais c'est à Hésiode natif d'Ascra qu'il dédit cette introduction en souvenir des poêmes "les Travaux et les Jours" qu'Hésiode avait écrit au VIII° siècle av JC sur le même thème qu'aborde les Géorgiques.

Virgile décrit la douceur et la prodigalité de l'Italie. Il implore les Muses de le guider et lui enseignent les routes des constellations du ciel, les phases de la Lune, les tremblements de terre, la force qui gonfle les mers profondes, pourquoi le soleil se précipite si tôt en hiver dans l'Océan.

Si les Muses sont aussi conseillères, c'est pour leur art, cette fois, de connaître les informations liées à l'agriculture. Tandis qu'Hésiode leur demandait l'origine du monde et des Dieux.

Heureux l'homme qui a su pénétrer les causes des choses ! Qui a mis sous ses pieds toutes craintes et l'inexorable Destin et le bruit de l'avare Achéron.

Cette pointe de philosophie et de domination de soi, passe par l'équilibre et la maitrise des peurs éternelles comme le destin et la mort (L'achéron est l'un des fleuves des Enfers)

De même est heureux celui qui connaît les divinités des campagnes, le dieu Pan, le vieux Sylvain, les Nymphes, . . . Il cueille les fruits que donnent les rameaux, il ne connaît ni les de fer, ni les cris insensés du barreau, ni les archives du peuple.

Virgile rebondit dans l'éloge de l'homme de la campagne bienfaisante, loin de la rigueur des lois que l'on trouve à la ville.

D'autres battent de leurs rames la mer et ses écueils cachés, se précipitent au milieu des batailles, s'introduisent dans les cours et les palais des rois, l'un médite la ruine d'une ville et de ses malheureux habitants, pour boire un jour dans des verres d'agate et dormir sous la pourpre de Tyr, l'autre enferme ses richesses, celui-là s'enivre des applaudissemnts redoublés dans l'amphithéatre du peuple et de la noblesse, d'autres sont heureux de se couvrir du sang de leurs frères, puis ils abandonnent le seuil de leur demeure pour l'exil et la recherche d'une nouvelle patrie située sous d'autres cieux.

Virgile s'adonne alors à une critique sévère de ce qui fait d'habitude la recherche et la logique des hommes.

Virgile reprend les travaux des arbres et de la vigne et la récolte abondante qui en découle. Ainsi vivaient les Sabins autrefois, ainsi vivaient Rémus et son frère (Romulus fondateur de Rome); c'est par ce genre de vie que le vaillant Toscan (Etrusque) dut sa puissance, par là que Rome est devenue la merveille du monde et seule a renfermé sept collines dans son enceinte. Ainsi était la vie que Saturne menait au temps de l'Age d'Or.

Comme un leitmotiv, Virgile redéfinit le bonheur ancien de cultiver la terre, et ce depuis le temps béni de l'Age d'Or et du règne de Saturne..