Guerre de Troie - Départ de Troie - Les Retours - Ajax d'Oilée
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Cependant les Argiens, l'esprit joyeux, tantôt fendaient de leurs rames l'eau sombre, tantôt ouvraient les voiles aux vents ; ils laissèrent bientôt derrière eux la Dardanie et le tombeau d'Achille. Mais, quoique leur âme fût joyeuse, ils s'affligeaient en se rappelant leurs compagnons morts et ils jetaient tristement les yeux sur la terre étrangère qui peu à peu semblait s'éloigner de leurs vaisseaux. Ils dépassèrent bientôt ainsi les côtes de Tenédos, celles de Chrysa demeure de Phébos, les montagnes de Cilla, Lesbos exposée aux vents, puis le promontoire de Lectos, où vient se baigner le pied de l'Ida. Les voiles enflées bruissaient et autour des proues frémissait l'eau sombre; les flots immenses étaient noirs, tandis que la route frayée par les vaisseaux blanchissait d'écume.
Or Athéna ne l'entendait aps ainsi et se souvenait de l'odieux méfait d'Ajax. Elle s'adressa à son père, "Zeus, les hommes commettent des actions que les dieux ne peuvent tolérer ; ils n'ont que du mépris pour toi et pour les autres Bienheureux ; car le châtiment ne poursuit pas les coupables ; l'homme de bien est plus exposé au malheur que le criminel, et ses maux ne finissent pas. Aussi personne n'aime plus la justice, et les hommes ne respectent plus rien. Pour moi, je ne veux plus demeurer dans l'Olympe, si je ne punis pas le crime des Achéens ; dans mon temple, le fils d'Oilée a commis un sacrilège : il n'a pas eu pitié de Cassandre qui tendait vers moi ses mains innocentes ; il n'a pas craint ma puissance, ni respecté ma divinité ; son crime ne peut pas rester impuni. Permets-toi donc d'agir à mon gré, pour que les autres hommes tremblent devant la colère des dieux".
Zeus lui accorda ce qu'elle désirait et il déposa près de la noble vierge l'éclair rapide, la foudre meurtrière, le tonnerre épouvantable. Elle se réjouit jusqu'au fond du coeur, et aussitôt saisit son égide terrible, brillante, lourde, solide, effroyable aux dieux ; au milieu est fixée la tête affreuse de la cruelle Méduse ; alentour sont des dragons épouvantables qui vomissent un feu dévorant ; l'arme meurtrière résonne sur les épaules de la déesse, comme l'éther immense mugit sous l'écho du tonnerre. Elle prend ensuite les armes de son père, ces armes qu'aucun Dieu n'a jamais tenues, excepté le grand Zeus ; elle ébranle tout l'Olympe, précipite les nuages sur les montagnes, répand la nuit sur la terre, couvre la mer d'horribles ténèbres.
En même temps, sur la mer sombre, elle envoie, du haut du ciel, l'immortelle Iris pour ordonner à Eole de déchaîner les vents aux tourbillons impétueux et de les élancer sur les âpres rochers de Capharée, soulever contre les Achéens les flots menaçants, et exhaler leur fureur en souffles puissants.
Les malheureux, dans le délire de la peur, ne pouvaient porter les mains aux rames, ni faire glisser au pied des mâts les voiles déchirées par les vents, ni diriger leur course au milieu de l'horrible tempête ; les pilotes n'avaient plus ni force ni adresse pour manoeuvrer le gouvernail ; car l'ouragan cruel avait tout anéanti ; aucun espoir de salut ne restait, car la nuit noire, l'affreuse tempête et la colère cruelle des dieux s'unissaient contre eux. Posidon avait soulevé la mer sans pitié, pour honorer la fille illustre de son frère, qui elle-même dans le ciel exerçait sa fureur en lançant la foudre
Les Vaisseaux s'éventraient et se brisaient. Cependant Ajax tantôt se soutenait aux flancs de son navire, tantôt de ses mains fendait les flots salés, semblable par sa force étonnante à un Titan infatigable ; l'eau salée s'ouvrait sous les mains puissantes du héros audacieux 
Il se vanta d'échapper à la mort (Hybris), même si tous les dieux unissaient leurs forces et soulevaient contre lui seul tous les flots de la mer. Mais il ne devait pas échapper à la colère des dieux. Le puissant Poséidon, indigné contre lui, s'irrita en le voyant saisir de ses mains les rochers de Gyra, et frappa à la fois d'un grand coup la terre et la mer ; de toutes parts alentour s'ébranlèrent les rochers de Capharée qui cédèrent et emportèrent Ajax avec eux.
Tous n'eurent pas le même sort ; les uns périrent dans la vaste mer, parmi les ondes irritées ; les autres trouvèrent une mort douloureuse parmi les rochers, où leurs vaisseaux se brisaient, attirés par la ruse de Nauplios.

Ce prince, irrité de la mort de son fils (Palamède tué par les Grecs à Troie pour traitrise -inventée par Ulysse), vit avec joie, malgré sa tristesse, la tempête et la mort des Argiens ; il se réjouit de la vengeance qu'un dieu lui accordait ; il contemplait avec plaisir la foule de ses ennemis noyés dans l'abîme, et il adressait à son père des prières ardentes pour qu'il les détruisît tous avec leurs vaisseaux. Poséidon l'entendit et engloutit une partie des vaisseaux ; mais l'autre partie surnageait sur les flots sombres.

Alors Nauplios, tenant dans ses mains une torche ardente, l'éleva dans les airs et, par cette ruse, trompa les Achéens, qui croyaient toucher à un port salutaire ; mais ils furent broyés avec leurs vaisseaux sur les rochers aigus et, grâce à la haine du roi, trouvèrent un sort lamentable sur les écueils, au milieu de la nuit rapide.
Sur leurs vaisseaux, les Argiens naviguaient, dispersés par la tempête ; ils abordaient ici et là, aux rivages où les dieux les poussaient, restes malheureux du naufrage meurtrier !
Ajax injuriant les Dieux - Serrur - 1820
Le passage entre le cap Capharée au sud-est de l'Eubée et l'île d'Andros est l'un des points les plus délicats de la navigation grecque
Route des vaisseaux Grecs
Ajax - Francesco Sabatelli  - 1829
Rappel des faits reprochés à Ajax selon "Le sac de Troie" d'Arctinus de Milet VII° av JC
Cassandra, emmenée de force par Ajax fils d'Oilée, traîne derrière elle la statue en bois d'Athéna. Les Grecs sont furieux et décident de bombarder de pierres Ajax. Mais il se réfugie auprès de l'autel d'Athéna et échappe ainsi au danger immédiat. Plus tard, quand les Grecs rentreront chez eux, Athéna s'arrangera pour le faire périr par la mer.