Guerre de Troie - Suite de l'Iliade - Ajax
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Les jeux étaient finis ; alors la divine Thétis plaça devant l'assemblée les armes célestes du magnanime Achille.
D'abord le bouclier sur lequel on y voyait au centre; le ciel, l'éther, la terre, la mer, les vents, les nuages, la lune et le soleil, nettement tracés ; puis tous les astres qui roulent avec le ciel.
 On y voyait les images de la Guerre. Celles de la Paix se voyaient d'un autre côté ; des troupes nombreuses de mortels habitaient des villes florissantes ; la Justice les gouvernait ; les habitants exerçaient différents arts ; les champs offraient d'abondantes moissons ; la terre noire était couverte de fleurs . . .
. . . des moissonneurs en rangs pressés se hâtaient, brandissant leurs faux tranchantes ou liant les gerbes, et l'ouvrage s'avançait ; des bœufs marchaient la tête sous le joug ; d'autres traînaient des chariots chargés de monceaux d'épis . . .
Plus loin, des flûtes et des lyres égayaient les festins ; des chœurs de jeunes femmes frappaient la terre en cadence, comme si elles eussent eu la vie ; Cypris à la belle couronne favorisait leurs jeux et leurs danses . . .
Tout alentour on voyait les flots profonds de l'Océan, qui formaient le bord du bouclier et entouraient cet admirable ouvrage.
A côté du bouclier était placé un casque énorme où était représenté Zeus, la figure irritée, au seuil du ciel ; autour de lui combattaient les dieux, qui le secouraient contre les audacieux Titans ; ceux-ci étaient frappés de la foudre terrible . . .
Le Bouclier d'Achille - gravure BNF - Quatremètre de Quincy - 1809
d'après des bas-reliefs et des descriptions antiques
Puis on voyait la cuirasse arrondie, solide et impénétrable qui avait serré le corps vigoureux du fils de Pélée ;

les
cnémides (jambières) énormes qu'il portait et qui étaient légères pour lui, malgré leur poids ;

et, non loin, son invincible
épée, qui reluisait ; le baudrier était d'or, le fourreau d'argent, la poignée d'ivoire ; c'était par son éclat une arme belle entre toutes.

Enfin gisait sur la terre sa
lance terrible, en bois du Pélion, aussi haute que les sapins chevelus et couverte encore du sang d'Hector.
Thétis, lors de la mort de Patrocle et la capture des armes d'Achille, avait demandé à Héphaïstos de confectionner de nouvelles armes, que Quintus décrit ici abondamment et nous n'en donnons qu'un résumé.
Le casque, le bouclier, l'épée et la lance  d'Achille 
Thétis parla ainsi, qu'il s'avance, le guerrier qui a sauvé le corps d'Achille ; il est le plus brave des Achéens ; je lui donnerai ses armes somptueuses et divines, que les dieux bienheureux envieraient».
Le casque, la cuirasse, les cnémides et l'épée  d'Achille - gravure Elle parla ainsi ; aussitôt se levèrent pour exposer leurs prétentions le fils de Laerte (Ulysse) et Ajax, fils du noble Télamon
Nestor se rapprocha d'Idoménée et d'Agamemnon et leur dit "Le grand Ajax et le prudent Odysseus (Ulysse) vont se livrer un combat terrible et fatal ! Celui à qui les dieux accorderont la victoire sera joyeux, et l'autre sera livré à une douleur violente". Aussi ne décidons pas nous mêmes et laissons les captifs troyens nous dire qui rapporta le corps d'Achille.
Alors Ajax plaide sa cause et son courage et dénigre Ulysse
Ulysse répond; "Tu m'appelles lâche, vil et faible ; je me vante pourtant de te surpasser en sagesse et en éloquence".
Ajax reprend «Ulysse, homme trompeur et perfide entre tous, je ne t'ai pas vu combattre ici, ni moi ni aucun des Argiens, au moment où les Troyens s'efforçaient d'emporter le cadavre d'Achille".
"Pour l'esprit je dois être préféré à tous parmi les Argiens ; pour la force, je suis ton égal, sinon ton maître". Ainsi parla le noble fils du divin Laerte (Ulysse) ; alors les Troyens jugèrent la querelle illustre des deux guerriers ; tous d'un commun accord donnèrent la victoire et les armes d'Achille au valeureux Ulysse ; le héros en conçut une grande joie ; mais l'armée  gémit, et l'ardeur bouillante d'Ajax se glaça dans ses veines.
Enfin les Argiens regagnèrent leurs vaisseau. . . Thétis se plongea dans la vaste mer, suivie des autres Néréides.
Mais Ajax, irrité contre les Argiens, ne pensait pas à l'agréable festin préparé dans les tentes ; le sommeil ne l'entourait pas ; il se revêtit de ses armes, le cœur plein d'un sombre délire ; il saisit son épée aiguë et méditait de terribles projets : incendierait-il les navires et livrerait-il tous les guerriers à la mort, ou de son glaive sanglant mettrait-il en pièces le perfide Ulysse ?

Mais Athéna le frappa d'une indomptable folie.
Dispute d'Ajax et d'Ulysse - vase
Ainsi le cœur magnanime d'Ajax bondissait dans sa poitrine et se déchaînait comme la mer immense ou l'orage impétueux ou l'incendie horrible, quand sur la montagne se précipite un vent violent et que l'épaisse forêt s'écroule au milieu des flammes. Ajax, le cœur blessé d'une douleur cruelle, était tourmenté d'un délire funeste ; un flot d'écume coulait de sa bouche, ses dents grinçaient, ses armes résonnaient sur ses épaules ; et à sa vue tous étaient épouvantés de sa colère.
Ainsi Ajax, avec une rage furieuse, s'élance contre des moutons, croyant semer la mort cruelle parmi les Danaens.
Ajax vit alors les moutons qui palpitaient à ses pieds ; il frémit de tout son être ; il comprit la tromperie des dieux ; il fut paralysé de tous ses membres ; son cœur vaillant fut dévoré de tristesse, et dans sa douleur il ne pouvait plus avancer ni reculer
Ajax délire  "La récompense du courage est pour la lâcheté ; c'est elle qu'on aime et qu'on admire ; Ulysse est vanté par les Argiens ; ils oublient les nobles actions que j'ai accomplies pour eux".
En parlant ainsi, le noble fils du vaillant Télamon enfonça l'épée d'Hector dans sa gorge ; son sang s'échappe en sifflant, et il tombe étendu sur la poussière, comme Typhon que les foudres de Zeus avaient frappé ; la terre au sein noir gémit profondément sous le poids de sa chute.
La légende conte que la sang d'Ajax (Aias) se métamorphosa en œillet.