Ovide - Les Métamorphoses - livre I vers 89 Les quatre âges du monde.

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L'âge d'or fut le premier âge de la création. En l'abscence de tout justicier, spontanément, sans loi, la bonne foi et l'honnêteté y étaient pratiquées. Pas de loi gravée dans le bronze, pas de justice. Les pins restaient dans les montagnes et l'homme ne quittait pas son rivage. Pas de trompette, pas de cor, pas de casque, pas d'épée, sans soldat les peuples étaient en sécurité. Les hommes cueillaient les baies des arbousiers et les fraises des montagnes et les glands de l'arbre de Jupiter (chêne). Le printemps était éternel, sans charrue, le sol se couvrait de moissons. Il coulait des fleuves de lait, de nectar, le miel blond tombait goutte à goutte des feuilles du chêne.

L'âge d'argent d'un prix moindre que l'or, mais plus grand que le bronze aux reflets fauves vient à son tour lorsque Jupiter (Zeus) fut le maître du monde, précipitant Saturne (Cronos) dans les ténèbres du Tartare.

Noter ici qu'Ovide fait allusion à Saturne assimilé au Cronos grec et non au Saturne latin, bienfaisant et pacifique.

Jupiter réduisit la durée du printemps et régla ainsi en quatre saisons le cours de l'année. Ainsi l'air pouvait s'embraser puis la bise allongeait des stalactites de glace. Les hommes se réfugièrent dans des demeures, grottes ou branchages. De même on enfouissait pour la première fois des semences de Cérès (Déméter, blé), le long de sillons, travé par un  joug lourd tiré par de jeunes taureaux.

L'âge de bronze est plus rude et l'on recourt aux armes sans encore connaître le crime.

L'âge du fer en a la dureté. Ce fut l'invasion de ce que réprouvent les dieux: avec la déroute de l'honneur, de la franchise et de la loyauté. A leur place s'installèrent la tromperie, le ruse, le piège insidieux, la violence le criminel appétit de posession. Les pins avaient quitté les montagnes pour devenir des navires bondissants sur les flots inconnus. Les arpenteurs tracaient les limites du sol. on arrachait les pierres des entrailles de la terre. L'insécurité régna y compris dans les familles, entre les frères, le fils et le père, l'époux et l'épouse.

La piété gisait vaincue, et, la dernière des hôtes célestes, la vierge Astrée (déesse de la justice au temps de l'âge d'or) abandonna la terre ruisselante de sang.