Ovide - Les Métamorphoses - livre XI vers 410
Histoire de Céyx, qui, parti pour consulter l'oracle de Claros, périt dans une tempête, et d'Alcyoné, sa femme, à qui il apparaît en songe. Leur métamorphose en alcyons .

Cèyx de son côté veut consulter l'oracle et comme celui de Delphes est inaccessible, il veut se rendre à Claros (Asie Mineure). Alcyone veut le dissuader ou du moins lui faire accepter de s'y rendre par la terre (Jusqu'au nord par l'Hellespont, puis traversée de l'Asie Mineure), car elle connait et craint la fureur des vents sur la mer (Alcyone est fille d'Eole, maître des vents). Mais Céyx la rassure et lui promet de revenir avant deux lunaisons. Il fait appréter le navire et Alcyone regarde tristement partir le bateau.

Au milieu de la nuit, alors que depuis longtemeps les terres ne sont plus en vue, les vents se lèvent et les vagues se fracassent sur la coque qui commence à prendre l'eau. La pluie tombe fortement au point que l'eau du ciel semble rejoindre la mer, tandis que l'eau de la mer s'élève vers le ciel. Puis les vagues se font de plus en plus hautes, le mat se brise ainsi que le gouvernail. Le bateau désemparé est fracassé par une vague gigantesque et Céyx accroché à une membrure fracassée tourne ses pensées vers Alcyone et ses prières vers les dieux pour que son corps revienne à la terre, afin de permettre à son épouse de le pleurer.

Alcyone de son côté prie les dieux et particulièrement Junon (Héra protectrice du foyer conjugal). Or la déesse ne peut plus supporter ces prières pour un mort. Elle demande à Iris de rendre visite au Sommeil, afin de lui ordonner d'apparaître en songe à Alcyone, sous les traits de Céyx, et lui fasse le véridique récit de son malheur.

Sommeil demeure au pays des Cimmériens dans une caverne profonde où les rayons de Phoebus (Hélios) n'accèdent jamais. Au pied du rocher sortent les eaux du Léthé (Eaux à la vertu soporifique). Iris pénètre dans l'antre, écarte les Songes et éclaire la demeure du dieu par l'éclat de sa robe aux mille couleurs (l'Arc en ciel). Elle rapporte alors l'ordre de Junon.

Sommeil éveille Morphée l'un de ses mille enfants, le plus habile à prendre les apparences de la figure humaine. Morphée reçoit l'ordre et prend son vol sans aucun bruit de battements d'ailes. Il prend les traits de Céyx, sous un aspect livide, semblable à la mort, l'eau semble couler à grosses gouttes et se penchant sur le lit d'Alcyone il se fait connaître. "Reconnais-tu Céyx, épouse infortunée ? . . . Tes prières, ne m'ont été d'aucun secours; j'ai péri" Et il commente son naufrage.

Alcyoné découvrant le corps de Céyx
Illustration des Metamorphoses d'Ovide
Florence - 1832

Alcyone se réveille en pleurs, troublée par sa voix et l'image de son époux. Au matin, elle se rend sur le rivage, là où elle avait quitté son époux et tandis qu'elle scrute l'horizon, elle voit la forme d'un corps à grande distance. Poussé par les flots le corps se rapproche, elle le reconnait et bondit vers le rivage. mais ô prodige, elle volait et son bec fit entendre un chant triste et plaintif. Elle donne au corps de Céyx, de son bec dur, de froids baisers.

Et les dieux les prenant en pitié les changent tous deux en oiseaux (les alcyons; mouettes, goélands, etc). Et quand Alcyone couve ses petits dans son nid en pleine mer, Eole apaise les vents et assure la sécurité des petits. (les anciens appelaient "jours alcyoniens", la période de nidation des alcyons, en hiver, période réputée calme.)

Le corps de Céyx est remonté devant Alcyoné
Richard Wilson