Ovide - Les Métamorphoses - livre VIII vers 725
Histoire d'Erysichthon, victime de la vengeance de Cérès, et de sa fille, contée par Achélous

Achéloos acquiesse et confirme le pouvoir des dieux en matière de transformation et cite Protée qui pouvait être jeune homme ou lion, sanglier ou serpent, taureau ou pierre, arbre, fleuve ou feu encore.

Mais il parle de Mnestra, la fille d'Erysichton. Son père méprisait les Dieux et avait même porté la hâche dans un bois consacré à Cérès (Déméter). Il existait là un chêne sacré, couvert de bandelettes, guirlandes ou tablettes commémoratives, lieu de danses des dryades qui dominait la forêt. Il avait donné l'ordre à ses serviteurs de l'abattre et comme ceux-ci hésitait, il frappa l'arbre de son arme. Celui-ci gémit et un jet de sang s'échappa de la blessure. Un serviteur tente de s'opposer à son action sacrilège, Erysichton lui tranche la tête.

Comme il poursuivait son crime, l'arbre lui dit " Je suis, cachée sous ce bois, une nymphe aimée entre toutes de Cérès. Le chatimet de tes actes est proche." Et sans écouter, il abattit l'arbre, qui écrasa, en tombant, tout un pan de forêt.

Les dryades affligées se plaignent à Cérès qui accepte de punir Erysichthon en le livrant aux tourmants de la Faim. Mais le déesse ne peut rencontrer la terrible Faim. Elle charge une Oréade de se rendre au nord de la Scythie, là où siégent sur une terre stérile le Froid, la Pâleur, le Frisson et la Faim jamais rassasiée, afin d'ordonner à cette dernière de venir habiter les entrailles du sacrilège. Elle dit et lui donne son propre char tiré par des dragons pour se rendre en Scythie au sommet du Caucase. Elle rencontre la Faim, à la chevelure hirsute, aux yeux caves, au visage blême et aux lèvres blanchâtres et flétries.

La Faim, bien qu'en tout temps contrarie l'oeuvre de Cérès, se conforme aux instructions. Elle pénètre dans la chambre d'Erysichthon, s'insuffle dans les poumons du dormeur, remplit le vide de ses veines d'une irrésistible fringale. Puis quittant un monde de fécondité, elle regagne sa demeure dénuée de tout. Erysichthon, sort de ses rêves et s'éveille. Il remue à vide ses machoires et fait l'effort d'avaler des mets inexistants. Il réclame sans retard, tous les produits de la mer, de la terre et de l'air, s'en gave et en réclame d'autres. Il engloutit tout, jusqu'à sa fortune personnelle.

Il avait une fille (Mnestra) et la vendit. Mais comme elle ne voulait pas servir un maître, elle s'adressa à Neptune (Poséidon) qui s'était uni à elle et celui-ci la transforma en pêcheur. Son maître la chercha et voyant le pêcheur lui demanda où était la fille qui était là entrain de pécher. Il répondit qu'il n'avait vu personne et encore moins une fille et le maître s'éloigna déçu. Alors le dieu rendit à la jeune fille son aspect premier. Mais Erysichthon voyant les capacités nouvelle de sa fille, la vendit à plusieurs maîtres. Mais elle se changeait à volonté en jument, oiseau, boeuf, cerf et échappait toujours à ses maîtres, tout en apportant quelques nourritures à son père. Mais celui-ci toujours plus affamé se mit à déchirer ses membres et s'en nourrir.

Achéloos conclut que lui-même avait d'ailleurs le pouvoir de se transformer, et d'être fleuve un jour, serpent un autre ou encore taureau, commandant de ses cornes le troupeau, jusqu'au jour où il perdit l'une d'entre elles dans un terrible combat. (Achéloos fait allusion à son combat contre Héraclès qui lui avait arraché une corne alors qu'il était taureau, le privant ainsi de la victoire et de l'objet du combat; la main de la belle Déjanire - épisode qu'il raconte au chapitre suivant).