Ovide - Les Métamorphoses - livre XI vers 1
Mort d'Orphée, mis en pièces par les femmes thraces, que punit Bacchus en les changeant en arbres

Orphée chantait donc pour les forêts et les animaux en s'accompagnant de sa lyre. Or les femmes de Cicones (Thrace), la poitrine couverte de peaux de bêtes, dans un délire Bacchique, , l'aperçoivent. "C'est l'homme qui nous méprise" disent-elle et l'une lance sa lance. Une autre lance une pierre, mais les armes n'atteignent pas le chantre aimé d'Apollon.

Elles se rassemblent, mais les projectiles eux-mêmes sont arrêtés par l'harmonieux concert. Mais leur clameur, la flûte de Bérécynthe, les tambourins, les battements de mains et les hurlements des Bacchantes couvrirent le son de la cithare. Et le chant ne put retenir les pierres qui se rougirent de sang. Elles assaillaient aussi les oiseaux, les serpents et les bêtes sauvages qui écoutaient la mélodie. Puis les femmes se munirent de sarcloirs et de herses arrachés à des paysans. Et Orphée succomba sous le nombre et sous les armes.

Et par cette bouche, hélas ! Ô Jupiter, qu'avaient écouté les rochers et comprise les bêtes sauvages, son âme s'exhala et fut emportée par les vents. Tout prit le deuil, y compris les Naïades et les Dryades. L'Hèbre reçoit sa tête et la lyre et les emporte jusqu'à l'embouchure. La mer les transporte jusqu'au rivage de Méthymne à Lesbos. L'ombre d'Orphée descend sous la terre, il reconnait tout, il cherche et trouve Eurydice dans les champs réservés aux âmes pieuses (Champs Elysées).

Lyaios (surnom de Bacchus ou Dionysos) ne laisse pas impuni ce crime. Il attache au sol les femmes Edoniennes par des racines, leur corps devient du bois et lentement il les transforme en arbres.