Hélène - fantôme

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La légende d'Hélène s'est perpétuée et modifiée depuis les textes d'Homère. Sapho avait déjà imaginée qu'Hélène était bien amoureuse de Pâris et l'avait suivi de son plein gré. Mais un autre poète: Stésichore né en Sicile vers 640 av JC, accusa Hélène d'être responsable de la guerre de Troie et fautive d'avoir trahie Ménélas et suivie Pâris à Troie.

L'histoire, nous dit Platon, est qu'il en perdit la vue. Il écrivit alors une palidonie dont l'extrait qui suit " Non, ce récit n'est pas vrai, non tu n'es pas montée sur les bateaux bien pontés, non tu n'es pas allée à la citadelle de Troie". Et ayant écrit ces vers, il recouvra la vue.

Ainsi mille aventures et situations différentes ont été prêtée à Hélène et nous en résumerons quelques unes.

Héra créant un double d'Hélène à partir d'un morceau de ciel, doté d'un même souffle qu'un être humain

La plus fréquente est qu'Hélène se soit réfugiée en Egypte. Pour certains, elle s'y serait rendu par elle-même ou à la demande de Ménélas qui voulait la protéger, pour d'autres si elle fut effectivement enlevée par Pâris, elle le quitta soit à Memphis ou à l'escale de Sidon, où elle convainquit un marin du nom de Canopos de la mettre en sureté. Il aborda près de l'actuelle Alexandrie, et en débarquant le marin fut mordu par un serpent. Il fut enterré sur place là où une ville fut nommée ensuite Canope.

La même légende est donnée au départ de Troie, avec un marin du nom de Pharos qui devait le conduire à Lacédémone, mais une tempête les jeta sur une île d'Egypte. Le marin mourut piqué par un serpent et l'île porta son nom, devenu cèlèbre par le Phare qui y fut implanté.

Mais alors Pâris n'aurait-il pas enlevée Hélène ? Et c'est là que les poètes ont imaginé que Pâris n'avait emporté à Troie qu'un "fantôme" d'Hélène, qu'un leurre et donc qu'Hélène resta pure et sauve.

Dans la pièce d'Euripide "Hélène" si la guerre de Troie a bien eu lieu, c'était sans Hélène et Grecs et Troyens se seraient battus pour tout autre chose ou pour rien, pour un simple fantôme, tandis que la véritable Hélène était en lieu sûr, auprès du Roi Protée dans l'île de Pharos, jusqu'au retour de son époux Ménélas à la fin de la guerre.

Euripide fait même à Hélène une éloge de vertu, puisqu'au décès de Protée, son fils Théoclymène tente de séduire Hélène qui le repousse jusqu'à ce que Ménélas vienne la délivrer.

Polakt Kobiec

C'est donc la seconde version de Stésichore qu'Euripide met en scène, réhabilitant totalement la si belle et divine héroïne et il imagine qu'Héra, pour se venger d'Aphrodite lors du jugement de Pâris, va créer un "eidôlon" à partir d'un morceau de ciel, doté du même souffle qu'un être humain, c'est à dire un fantôme d'Hélène pour abuser Pâris.

Le fantôme est donc pour Socrate - relaté par Platon - le thème philosphique du double que forme l'apparence - ou l'image -  par rapport au réel.

On retrouve ces doubles en plusieurs moments de la mythologie, lorsqu'Iphigénie est substituée par Artémis au moment de son sacrifice - et remplacée par une biche - , lorsqu'à Troie Apollon crée un double d'Enée pour qu'il échappe aux coups de Diomède, lorsque Zeus crée une image d'Héra - Néphélé - pour que son épouse échappe aux ardeurs d'Ixion, et lorsque Zeus "emprunte" la forme d'Amphitryon pour séduire son épouse Alcmène et lui donner Héraclès, etc.