Argonautes - l'Expédition  - le Pont-Euxin
Home 3.jpg Aide 5.gif
loupe 7 zeus.gif Lien Qui sommes-nous.gif
Mi  
14 ©
Les Roches Cyanées qui fermaient régulièrement le Bosphore sont franchies, signe selon Phinée de la réussite de l'expédition . . . du moins jusqu'en Colchide. Mais on n'en est pas là ! Jason dans l'Argo  - Edmond Dulac   - 1921
Secondés d'un vent favorable, ils s'éloignèrent de l'île de Thyniade et découvrirent bientôt l'embouchure du Sangaris, les champs fertiles des Mariandyniens, le fleuve Lycus et le marais Amthémoïsis.
Le vent tomba durant la nuit, et le matin ils abordèrent avec joie, au promontoire Achérusias, qui s'avance dans la mer de Bithynie. Son sommet couvert de platanes s'élève jusqu'au ciel, et sa base est environnée d'écueils contre lesquels les flots viennent se briser avec un bruit horrible. Au milieu d'une épaisse forêt qui s'étend du côté de la terre, est l'antre de Pluton, recouvert d'arbres et de rochers. 
Une vapeur froide s'en exhale sans cesse et forme tout autour une gelée blanche qui ne se fond qu'aux ardeurs du midi. Le doux silence ne règne jamais en ce lieu qui retentit sans cesse du bruit des vagues et de celui des arbres agités par le vent. A l'orient, le fleuve Achéron tombe du haut de la montagne et précipite ses flots dans la mer. 
Ce fut sur ses bords que les Argonautes, voyant le vent qui leur manquait, mirent pied à terre après avoir doublé le promontoire Achérusias. La nouvelle de leur arrivée se répandit bientôt dans le pays; il était gouverné par Lycus, et les Mariandyniens qui l'habitaient avaient fait longtemps la guerre aux Bébryces. Instruits par la renommée de la mort d'Amycus, ils s'assemblèrent autour de Pollux, qu'ils regardèrent comme un dieu bienfaisant, et voulurent contracter alliance avec ses compagnons.
Lycus promit son fils Dascylus qui devrait les accompagner jusqu'au Thermodon.
 Jason racontait à Lycus les noms de tous ses compagnons, le sujet de leur voyage, l'accueil qu'ils avaient reçu des femmes de Lemnos, ce qui leur était arrivé à Cyzique, comment ils avaient laissé sans le savoir Hercule à Cius, l'oracle de Glaucus, la mort d'Amycus et la défaite des Bébryces, les malheurs de Phinée, ses prédictions, enfin le bonheur avec lequel ils avaient franchi les rochers Cyanées et l'apparition d'Apollon dans l'île de Thyniade.
Lycus évoque la mémoire d'Hercule qui les avait installé quand il revint du pays des Amazones avec la ceinture d'Hyppolité qu'il ramenait à Argos et il remercie les Argonautes pour les avoir délivré des Bébryces - et particulièrement les fils de Tyndare (les Dioscures; Castor et Pollux) -.
Un tel bienfait mérite ma reconnaissance et je suis prêt à vous la témoigner de tout mon pouvoir. C'est l'obligation que contractent les hommes faibles lorsqu'ils sont soulagés par des mortels plus puissants. Je vous donne pour vous accompagner mon fils Dascylus. Avec lui vous serez reçus partout, selon les lois de l'hospitalité, jusqu'à l'embouchure du Thermodon. Quant aux fils de Tyndare, j'élèverai sur le sommet du promontoire Achérusias un temple en leur honneur. Les navigateurs le découvriront de loin et leur adresseront des voeux.  Je les honorerai moi-même comme des divinités et je leur consacrerai près de ces murs un champ vaste et fertile."
Temple des Dioscures
Forum romain
Le festin se passa dans ces discours et dura tout le jour. Le lendemain, au lever de l'aurore, les Argonautes se mirent en chemin pour retourner au vaisseau.
Tandis qu'ils s'avançaient avec promptitude, un accident funeste termina les jours du devin Idmon. Au milieu d'un marais couvert de roseaux, un énorme sanglier, que les Nymphes mêmes ne pouvaient voir sans frayeur, reposait tranquillement, ignoré des habitants du voisinage, et baignait ses larges flancs dans un épais bourbier. Idmon, que son art ne put garantir de sa destinée, marchait le long du marais lorsque tout à coup l'animal s'élançant du milieu des roseaux se jeta sur lui et lui coupa la cuisse.

L'infortuné pousse au loin des cris perçants. Ses compagnons y répondent en frémissant. Pélée lance au sanglier son dard et l'atteint. L'animal qui fuyait revient avec plus de furie. Idas se jette au-devant de lui, le perce de sa lance et le renverse à ses pieds. On le laisse étendu par terre et l'on s'empresse autour du malheureux Idmon, prêt à rendre le dernier soupir. On veut le transporter au vaisseau, mais il expire entre les bras de ses compagnons.
Ils lui firent de magnifiques funérailles, auxquelles Lycus assista avec tout son peuple.
On était occupé des funérailles d'Idmon, lorsqu'un mal imprévu plongea Tiphys loin de sa patrie dans un sommeil éternel. Son corps fut enseveli dans le même lieu.
Chasse au sangler - ici sarcophage du sanglier de Calydon
Cependant les Argonautes ne pouvaient soutenir la perte de leur pilote. Assis sur le rivage, enveloppés dans leurs manteaux, ne songeant plus à prendre de nourriture, ils étaient plongés dans la plus amère douleur et désespéraient de revoir jamais leur patrie. Ils seraient restés longtemps dans cet abattement si Junon n'eût fait renaître la confiance dans le coeur d'Ancée. Fils de Neptune et de la Nymphe Astypalée qui lui donna le jour sur les bords de l'Imbrasius, il excellait dans l'art de manier un gouvernail.
Onze jours s'étaient écoulés depuis l'arrivée des Argonautes dans le pays de Mariandyniens, lorsqu'ils profitèrent d'un vent favorable et se rembarquèrent au lever de l'aurore. Ils descendirent en ramant le fleuve Achéron, déployèrent en mer leur voile et voguèrent au gré du vent. Bientôt ils arrivèrent à l'embouchure du fleuve Callichorus où le dieu de Nysa célébra, dit-on, ses orgies (Dionysos), lorsque ayant quitté les peuples de l'Inde, il allait habiter la ville de Thèbes.
Les Argonautes aperçurent ensuite le tombeau de Sthénélos, fils d'Actor, qui, ayant accompagné Hercule dans la guerre contre les Amazones, en revint blessé d'une flèche et mourut sur ce rivage. Sachant que les Argonautes approchaient, Sthénélos conjura Proserpine de lui laisser revoir un instant des guerriers, autrefois ses amis et ses compagnons. La déesse, touchée de sa prière, permit à son ombre de sortir des Enfers.
Les Argonautes, saisis d'étonnement et d'effroi, résolurent par le conseil du devin Mopsus de prendre terre afin d'apaiser l'ombre de Sthénélos.
Dionysos sur une panthère
Bientôt ils aperçurent un fleuve dont le cours paraissait doux et paisible. C'était le Parthénios. Dans ses aimables eaux, la fille de Latone rafraîchit ses membres fatigués, lorsqu'au retour de la chasse elle se dispose à remonter dans l'Olympe. 
Le soleil lançait ses premiers rayons, lorsqu'ils doublèrent le promontoire Carambis. Obligés alors de reprendre la rame, ils avancèrent tout ce jour et la nuit suivante, le long d'une côte immense, après laquelle est le pays des Assyriens, où ils abordèrent. 
La belle Sinope, fille du fleuve Asopos, y fut autrefois transportée par Jupiter qui, pour gagner son amour, promit de lui accorder ce qui lui plairait davantage. La Nymphe, trompant les espérances du dieu, lui demanda de conserver sa virginité. Par un semblable artifice, elle éluda les poursuites d'Apollon et du fleuve Halys, et jamais aucun mortel ne put jouir de ses faveurs.
Près de ce rivage habitaient les fils de l'illustre Déimachus, que le hasard avait séparé d'Hercule, lorsqu'il allait porter la guerre dans le pays des Amazones. Dès qu'ils aperçurent les Argonautes. ils allèrent à leur rencontre, et ayant fait connaître leurs noms et leur origine, et le désir qu'ils avaient de quitter cette terre étrangère, ils obtinrent la permission de s'embarquer avec eux. 
Sinope ? - Nymphe - Sophie Anderson