Argonautes - l'Expédition - la rencontre de Circé
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Les Argonautes viennent de remonter l'Eridan (le Pô) et descendre le Rhone. Ils sont saint et sauf et double les îles Stoechades (iles de Porquerolles). Mais tant qu'ils n'auront pas rencontré Circé, Jupiter ne leur permettra pas de continuer.
Les Argonautes abordèrent. ensuite à l'île Aethalie (l'île d'Elbe), où ils s'arrêtèrent pour enlever de leurs corps la sueur dont ils étaient couverts. 
De là, voguant à la vue du pays des Tyrrhéniens, ils traversèrent la mer d'Ausonie, et arrivèrent au port fameux d'Aea (Monte Circeo).  Ils aperçurent sur le rivage Circé, occupée d'une cérémonie religieuse, qui se purifiait dans les eaux de la mer.
Les Argonautes, étonnés de ce spectacle, ne laissèrent pas, en regardant Circé, de reconnaître aisément dans ses traits et dans ses yeux la soeur d'Aeétès *. Aussitôt qu'elle eut achevé de se purifier et qu'elle eut chassé de son esprit les frayeurs de la nuit, elle reprit le chemin de son palais en faisant signe aux héros de la suivre.

Jason leur ordonna de rester et s'avança sur ses pas, accompagné seulement de Médée. Lorsqu'ils furent arrivés au palais, au lieu de se placer sur des sièges, ainsi que Circé les y invitait, ils allèrent, selon la coutume des suppliants, s'asseoir en silence au pied de l'autel des dieux pénates. Médée couvrait son visage de ses mains ; Jason avait enfoncé dans la terre l'épée dont il avait frappé le fils d'Eétès. Tous deux avaient les yeux fixés vers la terre.
* Circé est donc la tante de Médée
A cette vue, Circé comprenant le sujet de leur arrivée, adora la justice de Jupiter qui déteste le meurtre, mais se laisse fléchir aux prières des suppliants. Aussitôt elle commença les cérémonies usitées dans ces occasions, pour purifier les criminels.
Les cérémonies de l'expiation étant achevées, Circé fit asseoir ses hôtes sur des sièges, s'assit elle-même devant eux, et se rappelant le songe qu'elle avait eu, voulut savoir ce qui les concernait, et désira même d'entendre parler la princesse, dont elle soupçonna l'origine aussitôt qu'elle lui vit lever les yeux, car les descendants du Soleil étaient remarquables par l'éclat et la vivacité de leurs regards.
Médée, ne pouvant rester plus longtemps cachée, lui raconta en langue colchidienne le voyage des Argonautes, les dangers qu'ils avaient courus, la faute qu'elle avait commise par les conseils de sa soeur, et la manière dont elle s'était soustraite à la colère de son père avec les enfants de Phrixus. Elle ne lui parla point du meurtre d'Absyrte, mais Circé pénétra facilement ce mystère et ne put néanmoins s'empêcher d'avoir pitié des pleurs de sa nièce :

"Malheureuse, lui dit-elle, votre indigne fuite et vos horribles forfaits ne sauraient demeurer impunis. Puisse Eétès aller bientôt lui-même en Grèce pour vous faire sentir sa colère et venger la mort de son fils ! Votre qualité de suppliante et le sang qui nous lie m'empêchent de penser moi-même à vous punir. Sortez de mon palais et suivez l'inconnu pour lequel vous avez abandonné votre père, mais n'embrassez pas mes genoux et n'implorez plus mon secours. Aux dieux ne plaise que je veuille favoriser vos honteux desseins !"
Circée - dessin - Gustave Moreau
Circée Individosa - John William Waterhouse
Médée, saisie de douleur en entendant ce discours, se couvrait le visage de son voile et versait des torrents de larmes, lorsque Jason, la prenant par la main, la conduisit hors du palais.  
Cependant Iris qui, par l'ordre de Junon observait le moment où ils sortiraient pour se rendre au vaisseau, porta aussitôt à la déesse la nouvelle de leur départ : "Chère Iris, lui dit Junon, puisque tu remplis si fidèlement mes ordres, va maintenant, d'un vol rapide, annoncer à Thétis que j'ai besoin d'elle, et qu'elle sorte aussitôt du sein de la mer pour se rendre ici.

Tu dirigeras ensuite ta course vers ces rivages, où les enclumes de Vulcain retentissent sous les coups affreux de ses marteaux et tu diras au dieu du feu de laisser reposer ses fourneaux jusqu'à ce que le navire Argo soit passé. (au large des îles Lipari)

Enfin tu commanderas de ma part à Éole, qui règne sur les vents, de leur imposer silence et de laisser seulement souffler le zéphyr, afin que les Argonautes arrivent bientôt à l'île des Phéaciens." (
au large des îles Eoliennes)
Junon et Thétis se concertent pour aider les Argonautes et Thétis agit de suite. Aussitôt, invisible à tous les autres, elle se découvrit aux yeux du seul Pélée son époux, et lui prenant la main : "Ne restez pas plus longtemps, lui dit-elle, sur les côtes de la Tyrrhénie ; obéissez à Junon qui vous protège et partez aussitôt le retour de l'aurore. Les filles de Nérée, assemblées par l'ordre de la déesse, défendront le vaisseau contre les rochers entre lesquels il doit passer. (Charybde et Scylla)

Mais gardez-vous, lorsque vous me verrez au milieu de mes soeurs, de me faire connaître à personne si vous ne voulez m'irriter de plus en plus contre vous." En achevant ces mots, Thétis disparut et se plongea dans la mer, laissant Pélée vivement ému de la présence d'une épouse qui depuis longtemps avait abandonné sa couche et son palais. 
C'était au sujet du jeune Achille que son courroux s'était allumé. La déesse, poussée du désir de le rendre immortel et de soustraire son corps aux injures de la vieillesse, détruisait la nuit les chairs sujettes à la mort en les consumant peu à peu par le feu, et frottait pendant le jour son corps d'ambroisie. Pélée, s'étant par hasard éveillé tout à coup, aperçut au milieu des flammes son fils palpitant, et ne put s'empêcher de pousser des cris affreux. La déesse indignée jeta brusquement l'enfant par terre, et, semblable à un songe ou au souffle d'un vent léger, sortit pour toujours du palais. 
Cependant Pélée ayant annoncé à ses compagnons les ordres de Thétis, ils quittèrent aussitôt leurs jeux pour préparer le repas et les lits de feuillage sur lesquels ils devaient passer la nuit.